Note d’intention
Je veux parler du secret. Celui que l’on cache à l’autre comme celui qu’on se cache à soi-même. Ici, le secret est directement imputable à la guerre.
Peut-on vraiment se protéger ou protéger quelqu’un par le biais du secret ? Le mensonge nécessaire pour préserver la survie dans des situations de danger réel, est acquis. Mais si le secret est mal gardé, ne peut-il pas se retourner contre son auteur ? Le mal peut-il prendre racine dans le bien ? Quelle conséquence, la découverte d’un secret, peut-elle avoir pour celui ou celle qui ne devait pas l’apprendre ? Et par là-même, quel effet sur l’entourage ?
C’est pour tenter de répondre à toutes ces interrogations que j’écris cette histoire. Le personnage de Marie, lui aussi, s’interroge. Louis-René des forêts écrit : « Il y a ce que nul n’a vu ni connu, sauf celui qui cherche, dans le tourment des mots, à traduire le secret que la mémoire lui refuse ». Je veux évoquer, notamment à travers le personnage d’Yvan, cette complexité qui entoure les notions d’identité et de transmission.
D’un point de vue dramaturgique, je trouve intéressant d’écrire sur la volonté qu’a le personnage de François d’entreprendre ce grand chantier pour la commune, car si son entreprise peut nous apparaitre secondaire au regard de l’enjeu dramatique que représentent les tourments du personnage de Marie, elle va s’avérer au contraire essentielle au dénouement de l’histoire. Comme cela arrive parfois, François va finir par trouver ce qu’il cherchait sans le savoir et par là-même, s’en délivrer.
Ce qui lie mes personnages, c’est l’amour ; Je veux te dire que je t’aime mais trop de choses m’en empêchent, et ce qui est tu finit par tuer ou bien par éloigner. C’est heureusement l’heure des grands travaux, une chance pour tout le monde, ça va remuer, ça va faire mal, il est temps de parler.
L’injustice se nourrit de toutes les guerres. Elle est cette plaie ouverte dans tous les cœurs qui ont eu à affronter l’enfer. Son onde de choc est impossible à évaluer. La blessure est là qui voyage dans le temps. Que nous en ayons conscience ou non, nous sommes le fruit de l’Histoire, et nous devons vivre avec. C’est ce que nous avons en partage. Si seulement cela pouvait nous consoler un temps.